doublestory 23

Histoire de Caroline

Je fonce. Les rues de Barcelone s’enchaînent, la jungle des grands immeubles en construction se mélange à celle des arbres qui bordent les allées où défilent les cafés aux terrasses desquelles les touristes ingurgitent des bières en regardant d’un air distrait les échafaudages comme s’il s’agissaient d’autres oeuvres d’art qui répondraient aux maisons tourmentées de Gaudi qu’ils sont venus voir tout exprès des quatre coins du monde mais qu’il finissent par délaisser pour se plonger dans la vie nocturne des bars à cocktails dont ils se souviendront avec mélancolie et une légère gueule de bois le lendemain lorsqu’ils prendront leur petit déjeuner bien assis sous un parasol en se demandant quelle peut bien être la relation entre la grue qui surplombe le chantier en face et le lampadaire gracile qui a l’air de lui répondre à une question qu’elle n’aurait jamais posée. Je fonce sur ma moto qui vrombit dans l’été vibrant et éclate de sa vitesse le paysage.